Articles Friday, December 8, 2023
Santé mentale dans la profession
Et vous, comment ça va?
By Éducaloi
Si cette question peut, a priori, sembler banale, elle n’en est pas moins nécessaire. Plus de la moitié des juristes disait éprouver de la détresse psychologique et de l’épuisement professionnel en 2022, dans un sondage rempli par 7 300 juristes à travers le pays pour l’Étude nationale des déterminants de la santé et du mieux-être des professionnels du droit au Canada.
L’Étude nationale a été réalisée grâce à un partenariat entre l'Université de Sherbrooke, la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada et l'Association du Barreau canadien. « Cette étude est importante, elle a permis de cerner un peu mieux l’enjeu », estime Me Fanie Pelletier, conseillère à l’équité au Barreau du Québec. L’intérêt pour la question du bien-être au travail n’est pas nouveau. La juriste tisse d’ailleurs un lien concret avec la féminisation de la profession.
« Il n’y a pas de hasard : c’est lorsque les femmes ont été plus nombreuses dans la profession que la question de la conciliation du travail et de la famille s’est posée, donc celle du bien-être et de l’importance de maintenir un équilibre à cet égard aussi. »
Culture professionnelle
Pour Me Pelletier, il existe encore un tabou dans la profession lorsque l’on parle de bien-être ou, plus largement, de santé mentale. « Si on parle à des avocates ou à des avocats, cet aspect peut faire peur. Notamment parce que notre profession est réglementée et qu’il pourrait y avoir une interdiction de pratiquer. » L’avocate parle même d’un tabou qui serait selon elle alimenté « par une méconnaissance du sujet et par la perception qu’on en a. La détresse psychologique est encore assimilée à de la faiblesse et à la peur d’être mis hors circuit ».
Tout semble donc être une question de culture et d’image. « La culture professionnelle de la profession fait en sorte que le travail en quantité est valorisé, que le contexte est stressant. En règle générale, quand on va voir une avocate ou un avocat, c’est que ça ne va pas bien. » Pratiquer le droit, c’est pratiquer dans des situations que Me Pelletier qualifie de pénibles, dépendamment du domaine et des conflits. « On est en relation d’aide sans pour autant avoir les ressources pour intervenir. C’est un processus contradictoire et cet élément contribue à faire qu’il peut être difficile de maintenir une santé psychologique saine et solide. »
Des avancées
Pour autant, Me Pelletier reste positive. « On avance, grâce aux nouvelles générations qui entrent dans la profession. Au niveau sociétal, ces questions sont maintenant discutées sur la place publique. Nos jeunes membres bénéficient de formations et d’outils dispensés à l’école du Barreau. Tout cela fait en sorte que l’on réduit le tabou de cette question qui se normalise. »
Les recherches pour la phase II de l’Étude nationale sur le mieux-être sont en cours, et la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada invite actuellement les avocates, les avocats et les stagiaires en droit du Québec à participer aux travaux en donnant leur opinion sur la santé mentale et le mieux-être dans la profession juridique. On peut entretemps prendre connaissance des conclusions du Rapport de recherche de la phase I, publié en 2022.
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Ce texte ne constitue pas un avis juridique. Éducaloi est un organisme à but non lucratif dont la mission est de vulgariser le droit et développer les compétences juridiques de la population du Québec.