M^e Bernard Duhaime, Ad. E.

M^e Bernard Duhaime a toujours été intéressé par les sujets touchant aux relations internationales et c’est la combinaison de plusieurs facteurs qui l’ont finalement mené à se consacrer à la défense des droits de la personne. « Je me suis rendu au Guatemala à la fin de la guerre civile, alors que le gouvernement et la guérilla avaient négocié un accord de paix. J’étais chargé d’un projet de recherche portant sur les droits des peuples autochtones », se souvient-il. Cette première expérience se poursuit dans plusieurs autres pays d’Amérique latine. Par la suite, il poursuivra des études en droit international des droits de la personne, en droit humanitaire et en droit pénal international, en alternance avec des séjours sur le terrain.

Son implication s’est poursuivie en tant qu’avocat à la Commission interaméricaine des droits de l’homme. En 2004, il est nommé professeur au Département des sciences juridiques de l’UQÀM et l’année suivante, il fonde, en collaboration avec M^e Carol Hilling, la Clinique internationale de défense des droits humains de l'UQÀM. En 2014, M^e Duhaime intègre le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires se rapportant au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, groupe dont il assurera aussi la présidence.

Au cœur de moments historiques

À la fois avocat, chercheur, professeur et expert consulté par les plus hautes instances internationales, M^e Duhaime a effectué des missions dans une vingtaine de pays et a représenté des victimes dans de nombreuses procédures judiciaires et quasi judiciaires internationales, plusieurs ayant fait jurisprudence.

« Mon métier a fait en sorte que j’ai pu me trouver au cœur de moments historiques. Par exemple, dans le cadre du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, j’ai participé à la première mission des procédures spéciale de l’ONU au Sri Lanka, mission qui en a inspiré d’autres. Ma nomination au sein de ce groupe d’experts m’a aussi permis d’avoir une incidence et une implication directement auprès des victimes et de leurs familles », indique-t-il.

C’est au cours de son mandat qu’éclate l’affaire Jamal Khashoggi, le journaliste critique du régime de Riyad qui a été assassiné en 2018 au consulat d’Arabie saoudite en Turquie. Lors de la crise en Syrie, il a conseillé le Conseil de sécurité de l’ONU sur la question des disparitions forcées. « C’était un privilège d’avoir pu, à travers les Nations Unies, intervenir sur des enjeux de cette ampleur », fait-il valoir. Il souligne qu’il a également la chance d’être membre du corps professoral d’une université, l’UQÀM, qui incite ses professeurs à être des intellectuels engagés, lui permettant ainsi de demeurer très actif dans la défense des droits de la personne, ici et à l’étranger.

La reconnaissance des pairs

M^e Duhaime est lauréat de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, professeur invité à l’Université Paris II, Fellow à la Geneva Academy et au Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne, et membre du conseil du University Network for Human Rights, du Torture Journal et du Centre pour le pluralisme juridique et les droits de la personne de l’Université McGill, son alma mater. Il a aussi été chercheur invité dans plusieurs universités prestigieuses à travers le monde.

Très prolifique, M^e Bernard Duhaime a produit plus de 60 publications scientifiques dans ses champs d’expertise, entre autres en tant que principal auteur canadien en droit interaméricain des droits de la personne, et il a présenté plus de 200 communications au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Amérique latine, en Afrique et en Asie.

Il dit recevoir la distinction d’Avocat émérite comme une grande marque de confiance et de reconnaissance de la part de ses pairs. « Cet honneur accordé par le Barreau et les collègues me rappelle que ceux-ci estiment que les thèmes sur lesquels je travaille et auxquels j’ai consacré ma carrière sont des enjeux importants. Cela vient confirmer que mon travail est apprécié et ça me motive à former la prochaine génération de juristes engagés dans la défense des droits », poursuit-il.

M^e Duhaime conclut en disant qu’il voit également dans cette reconnaissance un message adressé aux jeunes, tant étudiants qu’avocats, sur la diversité et le vaste éventail des pratiques possibles dans le domaine juridique.