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Dossiers mardi 12 octobre 2021

Le stress de performance

Par Marie-Hélène Paradis

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Jamais, avant sa première année à l’École du Barreau, Me Cloé Hudon n’avait éprouvé de difficultés de ce genre. Elle avait toujours bien réussi mais, après avoir échoué l’examen de la première année et celui de la reprise, elle a trouvé difficile de faire face à la situation.

Déprimée, elle s’est décidée à aller chercher de l’aide pour savoir si son état était temporaire ou plus sérieux. Elle voulait aussi savoir comment faire pour se dissocier de cet échec et trouver les outils pour réussir. Le niveau d’énergie et le nombre d’heures demandées pour y arriver étaient là, elle étudiait à temps plein. « Après m’être autant investie, comment se faisait-il que j’obtienne un échec et que ça n’ait pas donné le résultat escompté? C’était la première fois de ma vie d’étudiante que je fournissais des efforts pour aucun résultat. » Elle est donc allée chercher les outils nécessaires pour comprendre ce qui se passait« Je me suis dit que l’échec ne devait servir à me qualifier comme personne et qu’il ne fallait pas mettre en doute mes compétences. Il ne faut pas s’identifier à l’échec. » Les services mis en place par l’École du Barreau l’ont beaucoup aidée.

Un incident par contre l’a à nouveau déstabilisée l’été suivant, lorsqu’est venu le temps de se réinscrire. « Il y avait, à cette époque, une déclaration solennelle à remplir et il fallait répondre à plusieurs questions. On devait s’engager à mettre les efforts nécessaires pour avoir le droit de se réinscrire et réussir cette deuxième année. C’était comme remettre le couteau dans la plaie, car dans mon esprit j’avais déjà fait les efforts pour réussir. Cette étape m’a beaucoup affectée pendant l’été. Cela m’a remise dans un état de stress et de dépression. J’y pensais quotidiennement. »

Elle s’est quand même tout de suite réinscrite, malgré le sentiment de frustration. Elle s’est également convaincue qu’elle n’avait pas mis tous ces efforts pour rien. En parlant avec sa famille quand elle recevait tous ces courriels pour se réinscrire, elle a reçu les encouragements qu’il fallait pour foncer. « Je savais que j’avais les connaissances qu’il fallait pour aller de l’avant. En reprenant, je n’ai pas acquis de nouvelles connaissances, mais j’ai plutôt appris à me faire confiance. C’est une pression que je m’infligeais : je voulais me surpasser. J’ai toujours été comme ça, j’essaie toujours d’être parfaite. J’y travaille encore. »

La consultation a aussi appris à MHudon qu’entre deux examens, on doit essayer de mettre son cerveau au neutre. La matière est connue; il faut relaxer, fermer les livres, simplement lire les articles de loi, seulement étudier ce qu’on sait qu’on n’a pas bien compris ou qui est nouveau. Il ne faut pas hésiter non plus à prendre des pauses pendant l’examen et aller aux toilettes juste pour respirer quand le stress devient trop fort. « J’ai appris que faire des choses à l’extérieur de l’École, des activités qui me font sentir bien, comme le sport, est important. Il est crucial d’avoir quotidiennement un moment juste pour soi qui ne concerne pas le droit. Le droit ne fait pas de toi la personne que tu es. Maintenant, j’accueille mon stress pour qu’il devienne un allié. Il ne faut pas hésiter à consulter simplement pour ventiler ses angoisses et se sentir normal, ne serait-ce que pour constater que tu n’es pas seule. »

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